vendredi 25 novembre 2011

Entretien avec DARG team pour le journal PNN.

DARG team, les Da Arabian Revolutionary Guys, viennent d’entamer une tournée en Suisse, avec des concerts prévus à Bâle le 30 Novembre prochain, le 3 Décembre à Zürich en passant par Berne et Saint-Gall respectivement le 1er  et le 2 Décembre 2011. Le groupe a été révélé au public suisse suite à la diffusion d’un documentaire en 2010 sur l’opération Plomb Durci. Même s’ils s’en défendent, les quatre rappeurs originaires de Gaza font figures de précurseur dans le milieu du Hip-Hop palestinien qui en est encore à ses balbutiements.  

Darg team en tournée en Suisse (Photo:Darg Team)


Cette tournée en suisse m'a donné envie d'en savoir d'avantage sur les origines de ce projet à la fois original et instructif. Entretien avec ces figures insolites de la culture palestinienne :


PNN: On connaissait les Ramallah Underground, mais vous semblez être l’avant-garde du rap en Palestine, où avez vous puisé l’inspiration nécessaire à l’écriture de vos textes ?

DARG TEAM: En effet, Ramallah underground a sa réputation, mais nous ne nous considérons pas comme des précurseurs. Notre projet nous tient à cœur parce que notre musique cherche à décrire notre vie quotidienne à la fois à Gaza mais aussi à l’étranger. Notre inspiration est l’expression de la rue et des gens qui gravitent autour de nous. Les artistes qui nous ont précédés, les écrivains, mais aussi les gazaouis nous poussent à raconter l’histoire de toutes ces vies confrontées à l’occupation et la répression.


PNN: Depuis 2007, date à laquelle vous avez formé le groupe, comment avez vous réussi à vous imposer dans une société qu’on imagine souvent en Europe, comme conservatrice et traditionnelle ? Pensez vous que d’autres suivront ?

C’est vrai que la société gazaouite est conservatrice et traditionnelle. Le Hip-Hop est encore trop souvent considéré comme une anomalie culturelle, mais  à ne pas s’y tromper Gaza regorge de talents et de créativité. Nous nous efforçons  de combiner musique orientale et rythmiques occidentales en y ajoutant les rimes propres à langue arabe. Ce mélange nous aide à représenter une culture dont nous avons héritée. Nous sommes la continuation de ce qui a été initié par nos pairs. Nous ne pensons  pas  que le style qui est le notre sera suivi, mais nous avons peut être, avec d’autres, prouvé que le rap était une forme d’expression non violente pour transmettre un message. Nous sommes fiers d’en être les représentants.


PNN: Savez-vous si vous avez un impact conséquent sur la société palestinienne ?


Quand nous marchons dans les rues de Gaza, il nous arrive d’entendre des jeunes fredonner nos chansons. Nombreux sont ceux qui s’arrêtent pour nous témoigner des signes de respect, ou viennent nous demander quand sortira le prochain album. Alors oui, nous avons un impact à Gaza. Tout d’abord, parce que c’est là que tout a commencé, c’est de là que nous puisons notre inspiration. Mais grâce à internet, notre musique et notre message, ont connu une diffusion inespérée. Les nouveaux médias nous ont permis de nous rendre dans des villes où nous ne serions jamais allés si on ne nous y avait pas invité.  Nous travaillons en collaboration avec des artistes venus d’Allemagne, d’Haïti ou même des Etats-Unis.

PNN : Votre musique est de toute évidence politiquement engagée. Les paroles de vos chansons témoignent d’un vif désir d’unité entre les palestiniens. Que pensez-vous d’une possible réconciliation entre le Hamas et le Fatah ?

La politique est notre pain quotidien, ceci explique pourquoi notre musique en est si imprégnée. Nous vivons dans l’attente de cette union. Nous partageons le même objectif à savoir la libération de la Palestine. Ceux qui brandissent la carte démocratique le font pour mieux duper l’esprit des gens, car quand les Palestiniens donnent au monde le meilleur exemple de démocratie, ils se retrouvent enfermés par l’une des armées les plus puissantes au monde.


Entretien traduit de l'Anglais réalisé le 23 Novembre 2011.