1er Septembre 2010 (23h), sur la route qui relie l’aéroport Rafiq Hariri au centre ville, je me suis véritablement demandé pourquoi j’avais fait le choix de passer une demie année dans cette ville. Epuisé par le voyage, terrorisé par le plus libanais des chauffeurs de Taxi, nous eûmes à peine le temps de réaliser que nous venions de pénétrer dans une jungle de béton et de lumière. Cette première impression met du temps à se dissiper. Visiter Beyrouth quand on ne sait où aller, est synonyme de beaucoup d’heures de marches à travers des quartiers sans véritables liens entre eux. C’est ainsi que sans le prévoir, nous nous sommes retrouvés, à de nombreuses reprises Patricia et moi au milieu d’un quartier chiite aux attraits conservateurs, bien loin des boutiques de luxes du centre ville. L’appartenance communautaire semble s’enraciner dans des zones géographiques bien délimitées, ce qui donne à la ville un aspect assez incohérent. Ce constat personnel, s’est vu confirmé par les nombreuses conversations que j’ai pu avoir avec des Libanais ayant vécu l‘expérience de la guerre civile: « si tu avais pu voir le Beyrouth des années 60 (…) la perle du Moyen Orient (…) le communautarisme n’était encore qu’une vague idée etc… ». Ce conflit fratricide qui aura duré près de 15 ans, fait désormais parti d’une mémoire collective qu’on aimerait bien éradiquer au plus vite. Les immeubles criblés de balles condamnés à la démolition, ne sont que le pâle reflet d’une époque qu’il faut impérativement oublier. Alors on rase à tout va, sans prendre le temps de savoir ce qu’il serait bon de conserver. Du Beyrouth, d’avant guerre, il ne reste pratiquement plus rien si bien que les autorités se sentent obligées de nous prévenir lorsque nous pénétrons dans une « rue à caractère traditionnel ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire