25 Janvier 2012, se retrouver sur la place Tahrir, c’est comme participer à un match de rugby sans arbitre avec 150,000 joueurs surentrainés. Pour pouvoir passer d’une tribune à l’autre, il faut trouver un espace vital au milieu des nombreuses mêlées en cisaille.
Hommage aux martyrs |
Le 25 Janvier était déclaré jour férié en Egypte. Il y a tout juste un an, le peuple égyptien se soulevait contre son président au pouvoir depuis 30 ans. La suite, a été relatée en boucle par les journaux du monde entier.
Une foule hétéroclite a fait le déplacement mercredi dernier. On pouvait voir des frères musulmans aux chapeaux verts, suivis par de jeunes égyptiens à l’allure occidentale sortir en trombe de la station de métro Sadat. Si les premiers se réjouissent des progrès accomplis jusqu’ici, les militants pro-démocratie, demandent le départ immédiat de l’armée au pouvoir et la levée complète de l’état d’urgence en vigueur depuis 1981. La frange laïque de la révolution s’inquiète de la montée en puissance des islamistes qui ont fait une entrée fracassante au parlement fraichement élu, en raflant les trois quarts des sièges.
Malgré les dissensions et des discours divergents, il m’a semblé qu’une atmosphère sereine régnait place Tahir. Au delà des discours, le lieu était également un espace de vie où des gens simples se rassemblent pour partager le déjeuner. Une forte odeur de Kochari (spécialité culinaire égyptienne) flottait au milieu du campement. Les petits commerçants ont saisi l’opportunité pour vendre toutes sortes d’articles aux couleurs de l'Égypte. A l’heure de la prière, des petites mosquées ont été improvisées pour permettre aux plus pieux de prier à même le sol.
On m’avait dit que la place Tahrir était devenu un véritable coupe-gorge pour tout européen au teint pâle osant s’y aventurer. Je n’y ai rencontré que des gens chaleureux au contact facile surpris de l’intérêt renouvelé que l’on porte à leur révolution...inachevée.