30 Janvier 2010: cinq mois que je suis au Liban et j’ai toujours l’impression que je viens d’arriver. Les « Ahla w sahla » d’usage sont là pour me le rappeler. Alors que je m’apprête à traverser un Moyen-Orient en pleine ébullition pour un périple de 18 jours, je suis ravi de dire que je quitte le pays du cèdre, avec l’unique regret de ne pas être resté plus longtemps. Ce semestre universitaire fait de merveilleuses rencontres et d’expériences parfois chaotiques, aura laissé des souvenirs impérissables : l’expédition chevaleresque dans le fief de Samir Geagea avec mon ami Caspar qui au passage a bien failli écraser un vendeur de fruits et légumes, le Talal hôtel, la visite du monastère de Mar Moussa dans le désert syriaque sont autant de moments inestimables.
J’aurais aimé ne retenir du Liban que la voie matinale de Ferouz dans les services, ou encore la volupté du fameux Zaatar Labné en passant par les innombrables « Kifak ça va ? ». J’aurais voulu ne décrire que la sensualité des femmes libanaises à mes amis restés en Suisse. Mais la politique en a voulu autrement comme souvent ici. Le Liban que j’ai vu n’est pourtant pas celui qu’on voit dans les reportages télévisés teintés de phrases chocs pour capter un audimat en manque de sensationnel. C’est un peu le but de tout voyage que de tenter de confronter idées reçues et réalité. Beaucoup de gens en ont assez d’entendre les vieilles rengaines d’une génération d’hommes politiques corrompus qui a toujours un pied dans la guerre civile. Les alliances se font et se défont au rythme de l’opportunisme triomphant qui bat la mesure. Mais la vie continue. Un premier ministre part, un autre le remplace, so what ? Hezbollah ou pas hezbollah, Mikati ou Hariri, 8 ou 14, ça sera toujours pour moi le Liban, et quoiqu’il en soit je reviendrai, c’est promis, wala !
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