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lundi 5 décembre 2011

Al-Quds

Café Hillel, Jaffa road

Jérusalem, me fait penser à Beyrouth sans la rue de Damas pour les connaisseurs. Les religions se croisent mais ne se regardent pas. En l'espace d'une centaine de mètres, on peut passer de l'Hébreu à l'Arabe, de la kippa à la djellaba, en un claquement de doigts. A Jérusalem, le Mur n'est pas fait de briques et de béton armé, il est dans la tête des gens. Chacun chez soi, chacun son quartier et c'est très bien comme ça. Depuis, ma première visite, la fameuse Jaffa street a beaucoup changé. Le tramway si controversé s'est progressivement intégré dans cette ville faite de pierre blanche. Juifs et arabes l'empruntent, mais ne descendent pas aux mêmes arrêts...

mardi 15 février 2011

Nous avons pleuré à Bil'in

10 Février 2011: nous arrivons en fin de matinée à Bil’in, petit village comme tant d’autres en Cisjordanie. Une atmosphère printanière flotte sur la bourgade en ce début de mois de Février. Les oiseaux chantent, les oliviers expriment tout leur parfum. Les rues sont désertes, la plupart des échoppes sont fermés. Les fidèles écoutent le prêche, dans l’unique mosquée, alors que d’improbables étrangers commencent à arriver de tous les horizons, déguisés en Fédayins de la première heure. Chacun est venu apporter son soutien au David qui tient tête à sa manière au Goliath israélien depuis 6 années déjà.
Le silence des hauts parleurs du minaret, marque le départ d’une marche dont chacun connaît l’issue. Alors, nous cheminons main dans la main, vers ce mur de fer, avec le rêve que la campagne palestinienne retrouve ses couleurs d’antan. Les jeunes mènent la danse et se lancent à corps perdu dans la bataille avec des pierres pour seules armes. Le moment fatidique finit par arriver. Une masse de barbelés nous empêche d’aller plus loin. Insultes et projectiles fusent de toutes parts. Une masse compacte de soldats regarde imperturbablement ces enragés qu’ils fréquentent pourtant toutes les semaines. Et puis, la pierre de trop est lancée. Des coups de feux retentissent, et c’est la débandade. On ne sait où se cacher. On se tord le cou à regarder en l’air. Le danger vient du ciel : nous courrons comme des lâches pour échapper à cette pluie de fer et de gaz qui s’abat tout autour de nous. Les sifflements se font de plus en plus pressants. Nous courrons à pleines jambes à travers les feuillages, pour tromper le chasseur casqué. Enfin, cette odeur reconnaissable entre mille finit par vous prendre à la gorge et semble ne jamais vouloir quitter vos muqueuses irritées. Les quelques manifestants restés en retrait regardent, d’un air amusé, arriver ces fuyards en larme.
Ce jour là, j’ai vu des israéliens marcher avec des palestiniens. J’ai vu des Juifs essayer de parler Arabe. J’ai senti l’immense gratitude, de ces villageois téméraires, pour ceux qui ont répondu à leur appel. De ce 10 Février, je ne veux retenir que ceci. La fronde de Bil’in n’est pas un geste de haine, c’est au contraire une main tendue aux israéliens. Elle signifie : « nous voulons parler avec vous, sans ce Mur entre nous ». Je suis heureux d’avoir pu assister à cela, et j’ai une pensée émue pour ceux qui sont tombés devant cette grille qui disparaîtra tôt ou tard.




samedi 5 février 2011

Quand l'art devient un acte de Résistance.

4 Février 2011, Bethléem : je n'étais pas encore né lorsque le Mur de Berlin est tombé, mais notre génération a grandi avec le sentiment qu'une page s'était définitivement tournée ce fameux 9 Novembre 1989. Au Moyen-Orient, le "Mur de l'apartheid" pour les uns, et "le Mur de Sécurité" pour les autres est le symbole de cette amnésie collective que nous connaissons que trop bien. Lorsqu'on marche le long de cette chimère de béton, on a l'impression que l'histoire se répète. Empêcher deux peuples de se rencontrer, c'est leur donner des raisons de se détester mutuellement. Comment connaitre l'autre et le respecter, si le seul visage qu'il souhaite vous montrer est un écran gris et fade?  

L'impact du Mur dépasse largement le cadre du symbolisme. C'est une nouvelle insulte faite au droit international en pérennisant durablement la colonisation israélienne dans les territoires occupés. Le tracé, traverse cultures et quartiers résidentiels. Des habitants se sont retrouvés ainsi du jour au lendemain littéralement à l'ombre, privés d'horizon. Même à l'époque des Bantoustans et de l'Apartheid en Afrique du Sud, pareilles mesures n'avaient été prises. La réponse des poètes, gaffeurs face à cette tragédie morale, n'est peut être pas la plus efficace à court terme, mais en attendant le bulldozer, la plume est un moyen pacifique de dénoncer l'indéfendable.